• Petits textes à glaner...

     

     

    "A long terme, par accumulation, les spots publicitaires, quoique concurrents sur les marques, finissent par tenir un discours identique sur des valeurs communes. Tous répètent et accréditent les grands mythes de notre temps: modernité, jeunesse, bonheur, loisirs, abondance...Ils organisent ainsi un environnement culturel où les mêmes idée-forces reviennent constamment"

    Ignacio Ramonet, extrait de "Propagande silencieuse", édition Folio actuel.

     

    ______________________________________

     

    Langue, Langage et Parole...

    "Chacun connaît  intuitivement sa langue et la pratique spontanément sans pour autant être capable d'en produire une description raisonnée. Or c'est précisément cette familiarité qui, à la faveur de l’ambiguïté de l'expression connaître sa langue, nous cache souvent des données problématiques et nous empêche de poser les vraies questions. C'est un fait connu qu'un même objet est susceptible de plus d'une description, surtout s'il est complexe. Tout dépend du point de vue auquel on se place, car c'est lui qui détermine le choix des propriétés dites pertinentes. Un poisson, par exemple, ne présentera pas les mêmes caractéristiques saillantes pour un zoologiste, un cuisinier ou un pêcheur. Et comme à l'intérieur d'une même discipline les perspectives évoluent, se diversifient et parfois se concurrencent, c'est de ces choix initiaux que dépendent, en grammaire comme ailleurs, les problématiques, les méthodes d'analyse et l'évaluation de leurs résultats.

    Les langues sont des moyens de communication intersubjectifs et ce que l'on appelle le langage n'est autre que la faculté, proprement humaine et liée à des aptitudes cognitives biologiquement déterminées, d'apprendre et d'utiliser les dispositifs symboliques que sont les langues."

    Extrait de la Grammaire méthodique du français, M. Riegel, J-C. Pellat, R. Rioul

    _______________________________________

     

    Parole : nom féminin.

    • Faculté de s'exprimer par le langage articulé : Il ne manque à ce chien que la parole.
    • Capacité à parler et, en particulier, à bien parler : Avoir la parole facile.
    • Droit, possibilité, fait de parler, en particulier dans une réunion : Demander la parole. Temps de parole.
    • Mot prononcé, phrase exprimant une pensée, un sentiment : Des paroles de paix.
    • Chose dite par quelqu'un et à laquelle on attribue une grande valeur : La parole du père.
    • Assurance, engagement, promesse verbale (dans des expressions) : J'ai votre parole. Je vous donne ma parole (d'honneur) que je n'y suis pour rien.
    • Linguistique : Usage concret de la langue par les locuteurs, celle-ci étant conçue comme un système abstrait.

     

    _______________________________________________

     

    Il arrive au patrimoine le plus précieux de l'homme, la parole, qu'à force d'être instrumentalisée, elle ne veut plus rien dire du tout. Entendons bien : elle sert, on s'en sert ici et là, mais à côté de la multiplicité des langages que l'homme s'est inventé, elle s'est banalisée, elle est tombée proprement en disgrâce, elle n'est plus l'advenue qui advient à chaque instant et nous comble et nous remplit de grâce, nous émeut et, quand cela arrive encore, nous charroie... Lorsque cela arrive encore, nous sommes pris de saisissement. Et il en va ainsi parce que la parole de l'homme, tant et pour autant que ce dernier l'entend encore, lui indique, sur le mode de la gravité, sa relation au monde. Elle "parle l'homme" à travers et au plus près de son corps. Elle est le "proprement divin" de l'humain. Et c'est la raison pour laquelle la poésie, après les grands poèmes fondateurs, ne peut tendre qu'à une restitution : rétablir l'homme dans l'écoute de la parole qui sourd dans son corps, le rétablir dans la relation au monde sur le mode de la gravité. J'ai dit "ne peut tendre qu'à", non dans l'intention de marquer l'impuissance d'un signe de lassitude ; tout simplement, dans "ce qui a eu lieu" il ne reste plus que le lieu. Le verbe s'est fait chair. [...] Et, après tout, c'est le mérite de la poésie de s'opposer, de dire "Non" à ce langage édulcoré, délesté de sa charge émotive (au sens de ce qui nous mettant en relation nous met par là-même en mouvement), ce langage littéralement "lessivé" à quoi la parole se réduit trop souvent de nos jours.

    Monchoachi, poète martiniquais.

     

    ____________________________________________

    les mots s'en vont

    plus loin

     

    reste

    la peur

    abrupte devant

    levée

    cabrée

    et le corps vite se serre

    on ne voit plus

     

    un silence dur

    dedans

    à expulser

    Antoine Emaz

     

    on peut dire c'est - on peut dire que le poème n'a rien à voir là - on peut continuer à aligner sans poids face à ce qui a lieu - on peut soutenir qu'il est bien inutile d'en rajouter

    reste

    tout le réel

    Antoine Emaz